Le chemin vers le statut d’association à mission
Les enjeux et les raisons de la réflexion que mène CDER sur le statut d’association à mission
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Les enjeux et les raisons de la réflexion que mène CDER sur le statut d’association à mission
DécouvrirBien que le concept d’entreprise ou association à mission soit relativement nouveau en France, il n’est ni superflu ni directement comparable à des notions voisines. La RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) tire son origine de la CSR (Corporate Social Responsibility) américaine, qui était avant tout un outil défensif visant à gérer la réputation des entreprises. En raison de ses racines dans la gestion des impacts négatifs, la RSE n’a pas réussi, dans la plupart des entreprises, à s’intégrer pleinement à la vision stratégique ni à devenir un véritable outil de prospective. L’ESS (Économie Sociale et Solidaire), de son côté, désigne une partie de l’économie regroupant des organisations privées (entreprises, mutuelles, coopératives, fondations, etc.) poursuivant un objectif social et respectant des principes, dont celui de la lucrativité limitée. L’entreprise à mission se distingue en étant la seule à rendre juridiquement compatible la recherche de profit avec la résolution d’un enjeu sociétal.
Mars 2024
Il a été annoncé à l’AG du 23 mars 2024 qu’une réflexion était menée pour passer CDER sous le statut d’association à mission.
Mai 2024
Un cabinet indépendant est choisi pour accompagner la démarche.
Juin / Juillet 2024
Des entretiens avec les parties prenantes de CDER sont conduits.
Septembre 2024
Un groupe d’adhérents formule une « raison d’être ».
Octobre 2024
Une enquête est réalisée auprès des adhérents et des collaborateurs de CDER
Étape actuelle
Novembre 2024
La mission de CDER doit être validée
Février 2025
Vote en assemblée générale extraordinaire pour adopter officiellement le statut d’association à mission
Autrefois perçue comme un moteur de progrès technique, économique et social, l'entreprise est aujourd'hui de plus en plus vue comme un instrument financier au service exclusif des actionnaires, souvent au détriment des salariés, de la société et de l'État. Cette évolution découle de ce qu'on appelle « la grande déformation », marquée par la financiarisation des entreprises à partir des années 1980, qui a exacerbé la méfiance envers elles. Il devient donc urgent de revenir à l'idée de l'entreprise comme une aventure humaine, où des hommes et des femmes s'unissent pour travailler ensemble autour d'un projet commun.
Réorienter l'entreprise en prenant en compte les enjeux environnementaux et sociaux doit permettre aux décideurs de concevoir des modèles plus résilients et d'élaborer des solutions aux grands défis sociétaux. En réfléchissant à sa mission, l'entreprise peut approfondir sa compréhension de ses écosystèmes, de ses fournisseurs et de ses chaînes logistiques. En se penchant sur ses responsabilités et son impact environnemental, elle entraîne l'évolution de l'ensemble de ses partenaires, contribuant ainsi à adapter les modèles d'une filière ou d'un secteur entier aux nouvelles réalités.
Un nombre croissant d'entreprises s'interrogent sur leur positionnement et sur la manière dont leurs produits ou services répondront aux attentes des consommateurs à court et moyen terme. Devenir une entreprise à mission implique un profond bouleversement interne, en initiant des changements et des réflexions à tous les niveaux : repenser sa stratégie à long terme de manière collective, s'ouvrir aux influences extérieures, réviser la culture d'entreprise, réorganiser les structures, dynamiser l'innovation, encourager la prospective et l'expérimentation. Ces transformations permettent de fédérer les énergies autour d'un projet d'entreprise porteur de sens.
La mission inscrit l'entreprise dans une perspective à moyen et long terme, en la reliant à une problématique sociétale plus vaste : tant que cette problématique persiste, l'entreprise trouve sa légitimité à exister. Le profit et la croissance ne sont plus des objectifs ultimes, mais deviennent des moyens pour accomplir la mission. Ce modèle d'entreprise à mission, fondé sur une vision élargie de l'entreprise et une approche à long terme, se révèle ainsi plus résilient et stable face aux crises, qu'elles soient économiques, médiatiques ou autres.
Selon une étude menée en janvier 2018 par Havas Paris, 60 % des Français estiment que « les entreprises jouent aujourd'hui un rôle plus important que les gouvernements dans la construction d'un avenir meilleur », et 73 % pensent qu'elles disposent « d'un pouvoir sans précédent pour transformer la société ». Les entreprises, de par leur poids économique, technologique et humain, sont désormais considérées comme des acteurs essentiels capables de mener des projets de transformation en profondeur de la société.
En intégrant un objectif à long terme au cœur de sa stratégie, la mission d'une entreprise définit une orientation claire qui guide l'ensemble de ses décisions et assure la cohérence de son modèle. Elle devient ainsi un outil d'aide à la décision, accompagnant l'entreprise tout au long de son parcours. La mission permet d'aligner les différentes parties prenantes et leurs attentes à chaque étape de la vie de l'entreprise.
C’est précisément la vocation de l’entreprise à mission : réconcilier les objectifs économiques avec ceux d’ordre sociétal. Toutefois, s'attaquer à la résolution d’un enjeu sociétal est une tâche ambitieuse et complexe, qui peut nécessiter des investissements significatifs en R&D et qui implique inévitablement une phase d'expérimentation, avec une marge d'erreur à prévoir. En somme, bien que la recherche de profits ne soit pas incompatible avec le modèle de l’entreprise à mission, elle devient un moyen plutôt qu’une finalité, ce qui modifie en profondeur son horizon temporel et sa définition de la performance.
Si toutes les entreprises peuvent s'engager dans une démarche d'utilité sociale, il est essentiel de souligner l'exigence requise et la nécessité d'aligner le modèle économique avec la mission. Ce processus est long, demande la création de nouveaux cadres et implique d'essuyer des échecs. Il ne s'agit pas de simplement instrumentaliser ce statut, mais de faire en sorte que l'entreprise contribue réellement à résoudre un problème sociétal. Combiner ambition sociétale et rentabilité demande des choix, ainsi que des investissements en temps, en ressources humaines et en capital. Par ailleurs, la situation diffère entre une entreprise qui est créée dès le départ avec cette double ambition et une entreprise dite « classique » qui cherche à transformer son modèle. Bien que toutes les entreprises devraient idéalement tendre vers ce statut, il est important de mesurer les efforts nécessaires et de changer certaines mentalités. Actuellement, toutes ne sont pas prêtes ou disposées à s'engager dans cette voie et à en affronter les défis. C'est là que la notion de « raison d'être » intervient, permettant aux entreprises d'affirmer un rôle et une finalité dans la société, sans nécessairement s'engager à résoudre un problème sociétal spécifique.
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